Urgent de réagir

Par Dolores ex Plosiva

sommaire du dossier "violence sexuelle"

      Hier soir, j'ai eu l'occasion de revoir le film britannique "Priest" ("Prêtre") (1994) de je n'sais plus qui, un film gay assez grand public. Outre la problématique du coming-out (toujours aussi touchant!), le sujet de la violence sexuelle dans presque toute sa complexité est abordé de manière intéressante. Ça se passe très probablement dans les quartiers de Belfast. Il s'agit de viols réguliers d'une fille de 14 ans par son père. La victime trouve enfin le courage d'en parler. C'est le jeune curé gay placcard qui est mis au courant, c'est à lui de réagir. Crise de panique, ça bloque en lui. Il faut que "ça" cesse. Mais le jeune homme ne va pas s'occuper vraiment de la victime qui évidemment a besoin d'aide. Il ne veut pas voir que la première chose à faire serait d'éloigner la victime du violeur. Par contre il va s'occuper de l' "origine" du problème, la personne "malade": il suggère une thérapie au "pauvre" père agresseur. Les viols se succèdent sans que le curé intervienne. C'est le cauchemard total. Un gentil pédé énervant dans un film qui vaut pourtant d'être revu.

      Hier soir, ce film m'a rappelé la tournée en hiver 1996/97 des "Cœurs de l'armée rose", un spectacle de deux lesbiennes et deux pédés. J'avais l'honneur d'accueillir les "Cœurs" et leur spectacle dans mon squat si hétéro. Je les ai suivi pendant quelques temps. Tous les deux jours, on changeait de ville en se déplaçant en camion. C'était quelque part entre Lausanne et Lyon qu'on apercevait soudain une voiture au bord de la nationale et deux personnes: une femme était en train de se faire tabasser par un mec. Il y avait beaucoup de circulation mais aucune voiture s'arrêtait. Nous avons fait demi-tour, décidéEs de vouloir intervenir. Pourtant pas trop sûr de nous, on s'arrête, on descend et on approche la scène violente. On était cinq. On aurait dû se séparer en deux groupes: celles qui s'occupent de la femme et ceux qui s'occupent du mec. On aurait pu parvenir à les isoler. On aurait pu réussir à communiquer avec la victime. On a mal réagi. Certes nous étions décidéEs à intervenir mais nous manquions de stratégie. C'était l'échec total. Je regrette, je nous en veux, je m'en veux. Au moment où la voiture partait, on a vu que la femme était enceinte. Je nous en veux. Il nous aurait fallu un vrai débat. Je nous en veux.

      Je vous raconte tout ça pour insister sur l'urgence que les témoins de violence masculine, qu'elle soit sexuelle ou non, réagissent de manière efficace. C'est la vie de la victime qui est en danger! Préparez-vous, élaborez des stratégies contre les mecs violents et pour les victimes! Courage!

      Il est urgent qu'on écoute les victimes, qu'on les prenne au sérieux, qu'on fasse dégager les mecs violents. Ça ne suffit point de leur dire qu'ils ne doivent pas recommencer, faut qu'ils dégagent! Faut qu'ils dégagent de nos squats, faut que nos squats deviennent des lieux où on puisse se sentir en sécurité. On n'y est pas encore.

Ya basta!!!

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