En
direct de Toulouse. Dans la nuit précédant la MARCHE LESBIENNE-TRANS-GAY-BI
du 17 juin, des affiches gayphobes et lesbophobes ont été collées. Des
bombages anti-gay pride ont été barbouillés sur les murs et les trottoirs
de la rose ville.
Malgré les menaces et les dangers qui pesaient et qu'elles allaient probablement
devoir affronter, Divine Davina et Lexomylicia (croisiéristes et grandes
rapporteuses 2000) se sont courageusement jointes au cortège. Avec une
dignité touchante. Dans un esprit de sacrifice. Sans boa et sans pancarte.
Incognitas. Invisiblas.
Il a fait très chaud, ce jour-là, pour les 2000 à 3000* lesbiennes, gays,
bisexuelLEs, transgenres, transexuelLEs et leurs amiEs.
Il y avait trois chars commerçants avec plein de monde qui dansait et
sifflait derrière. Il y avait une batucada qui donnait un autre rythme.
Il y avait quelques cortèges militants et politiques qui nous ont semblé
plutôt hétéros (enfin ! c'est pas toujours facile à voir...). Il y avait
une petite camionnette de "Aides", prévention mst/hiv, qui faisait voiture-balai
et qui distribuait des capotes avec du gel.
On n'a pas trop su où poser nos talons aiguilles et nos semelles compensées.
Pour marcher avec qui ?
Il y a eu une immense banderolle accrochée entre deux lampadaires de la
place du Capitole (place centrale toulousaine) qui disait "Election municipale
de 2001 : je suis lesbienne, toxico, séropositive, sans-papière, votez
pour moi", signée par les paillettes sauvageonnes.Il y a eu une immense
banderolle accrochée entre deux lampadaires de la place du Capitole (place
centrale toulousaine) qui disait "Election municipale de 2001 : je suis
lesbienne, toxico, séropositive, sans-papière, votez pour moi", signée
par les paillettes sauvageonnes.
Il y avait des individuEs incontrôléEs qui portaient des pancartes avec
des slogans qui nous faisaient du bien : "macho hétéro, macho homo, désir
zéro", "l'ordre se complait dans l'hétéronormalité, le désordre partout
ailleurs", "comment peut-on aimer ce qui nous opprime ? Pour la fin du
patrircat" avec une photo d'un couple gay macho, "Transgenres, lesbiennes,
queers, queens et kings, bi, gays, tous et toutes unies contres les violences
masculines" avec une petite étoile rose toute mignonne, etc, etc.
Il y avait aussi d'autres pancartes rigolotes.
Sur les trottoirs, il y avait aussi des couples hétéros en pleine hémorragie
affective, qui nous regardaient nous trémousser, amusés comme si on leur
offrait un tour de manège et qu'il fallait attraper la queue-de-mickey.
Il y avait là, Mesdames et Damoiseaux, tellement d'amour que ça en sentait
très fort. Les pauvres s'agrippaient par peur qu'unE saintE d'esprit ne
vienne les décrocher.
Ca nous a fait un ché-pas-quoi dans le coeur jusqu'en bas du dos trop
difficile à vous expliquer. De toute façon, vous ne comprendriez pas.
Ciao Amore.
19
juin 2000
* Les
chiffres sont exacts. On a compté avec nos doigts.
PS - spéciale dédicace aux croisiéristes qui ce jour-là swinguaient aux
MLGBT de Rennes et de Lyon. On n'avait pas de cortège ici, à Toulouse,
mais ça faisait quand même du bien de savoir que finalement nous étions
présentEs un peu partout, et même ailleurs...
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