Shit Peks,

Par Polytoxika La Belle Hiqueuse

sommaire du dossier "violence sexuelle"

      D'abord, je me suis dit: "Mais pourquoi Bang Bang diffuse des merdes pareilles?". Puis, je me suis dit qu'effectivement, il faut que ce débat ait lieu et que les choses soient dites, même les pires! Il m'a bien fallu quatre lectures de ce texte pour en déchiffrer le sens. Par son style "plaidoyer" et sa rhétorique, Shit Peks embrouille. Je tante quand même de lui répondre.

 

 


     dans ton texte, tu fais le choix de t'intéresser au violeur / abuseur présumé, quant à la problématique de violence sexuelle. Donc ton texte ne m'intéresse pas a priori. Effectivement, quand moi j'aborde la violence sexuelle, je choisis délibérément de m'intéresser à la victime: c'est un choix politique dès le départ. Je peux toutefois comprendre que certains mecs veuillent faire cette approche. Mais il y a des propos dans ton texte que je ne peux laisser sans réponse, surtout pas dans Bang Bang! Des propos gerbants et révoltants.

      Malgré ton style compliqué et embrouilleur, ton message est très clair: je détaillerai un peu plus loin la pestilence de tes propos, mais sans vraiment m'attarder parce que je suis assez lasse des discussions avec des mecs pro-violeur comme toi, même pédés.
Au niveau de sa construction, ton texte se présente comme une contribution politique au débat sur la violence sexuelle proposé par Bang Bang, illustré d' "une histoire pas comme les autres", bref une histoire judiciaire. Or, il s'avère finalement que cette histoire comme les autres est plus qu'une illustration, elle est la problématique de ton texte. Il me semble donc que tu confonds "politique" et "juridique".

      La Justice cherche un coupable à punir. Pour ce faire, elle doit consciencieusement étudier les deux versions (victime et auteur) des faits. Elle doit souvent s'assurer de la validité des propos de la victime, quitte à lui exiger des preuves de la violence qu'elle a subie. Il serait effectivement dégueulasse d'envoyer un innocent en zonzon.
En tant qu'anar, je ne crois pas en la justice. Elle a pour habitude de cautionner et servir la société contre laquelle je me bats, et elle envoie des gens en prison alors que je suis contre toutes les prisons. Mais elle peut s'avérer être un outil intéressant pour des victimes de violence sexuelle. Le fait de porter plainte peut aider une victime à être reconnue en tant que telle par la société.
Dans un cas comme celui de Maria et Fernando, je veux bien admettre qu'il doit être difficile pour la justice de trancher: Fernando est-il coupable? Mais ces enjeux judiciaires m'importent peu. Ma préoccupation politique c'est l'éradication de la violence sexuelle et des " malentendus". Ce qui m'importe c'est d'entendre la parole de la victime et de ne pas douter d'elle, de ne pas lui demander de preuves. Les us et coutumes patriarcaux, dans le cas de violence non-"patente", imposent généralement la loi du silence, et les doutes pèsent sur la victime. Personnellement, je fais donc le choix conscient de me fier aux dires de la victime.

      Les bases de notre désaccord profond étant posées, je peux maintenant revenir à la pestilence de tes propos.

      Ton "propos est la violence sexuelle de ceux et celles ou subie par ceux et celles qui ne savent pas très bien..." Dès le départ, tu mets volontairement victimes et auteurs dans le même panier, mentionnant au passage qu'une femme peut aussi être violeur. Tu précises aussi que la victime " ne sait pas très bien " ce qu'elle dit. Tu évoques la violence sexuelle comme une expérience subjective entre deux personnes sortie de toute réalité sociale.

      Puis tu énonces clairement l'idée centrale de ton texte, ta conviction politique: "Il est courant de dire que là où il y a une victime d'un abus, il y a un violeur(ou abuseur). Logique à première vue implacable. Mais qui ignore deux phénomènes aussi présents en amour que dans tout autre relation humaine: le malentendu et le regret ou les remords." Il a fallu 30 ans de luttes féministes pour que cette " logique implacable " soit enfin crédible! Ça fait des siècles qu'il est courant de parler de malentendus et de regrets. C'est toutes ces luttes que tu remets en question. Ça te gêne qu'on analyse la violence sexuelle dans un contexte patriarcal. Tu es nostalgique de la société des années 50.

      Puis tu introduis ton fumeux concept fétiche, le malentendu, qui " naît de la divergence de points de vue entre deux êtres... " Jusqu'ici, on n'apprend rien, bien-sûr que victime et auteur n'ont pas la même histoire à raconter: quand l'une parle de violence, l'autre parle d'érotisme.

Mes exigences:
- je ne veux jamais te rencontrer à La Croisière
- en tant qu'avocat, arrête de défendre des auteurs de violence sexuelle
Mon voeu:
j'aimerais tellement que les " alternatifs " se positionnent sur ton cas! Mais tu n'as malheureusement pas de souci à te faire, le milieu " alternatif " est le meilleur refuge pour les violeurs et autres mecs violents, ils y sont protégés et chouchoutés, la loi du silence étant toujours en vigueur.

      Et alors que tu refuses de considérer les victimes (voire même d'utiliser le mot), tu n'hésites pas à qualifier l'auteur de " victime d'un malentendu ". Ça y est, tu as résolument choisi ton camp: tu protèges et défends tous les abuseurs/violeurs, en les déresponsabilisant.
Illuminé par ton implacable argumentaire, tu précises ton merdeux propos: " l'abuseur peut parfois de bonne foi, s'ignorer, malgré le sentiment de l'autre d'avoir été abusé ". Quelle trouvaille, Shit Peks! Bien sûr que des mecs abuseurs ne se sont souvent pas rendus compte de leur comportement violent, bien-sûr qu'ils ont refusé d'entendre ou de décrypter le " non " de l'autre et qu'ils n'ont pas entendu les limites fixées par la victime. Bien sûr, tu as raison, il s'agit bien d'un " malentendu " du point de vue de l'auteur. Mais si on se fiait toujours aux dires des auteurs présumés, alors bien peu de victimes seraient reconnues. Moi je pars du principe que seule la victime peut définir si violence il y a eu: elle avait fixé une limite que l'abuseur/violeur n'a pas respectée, a niée volontairement ou non (peu importe).

      En clair et pour finir, tes propos sont clairement réactionnaires. D'ailleurs, il fallait oser choisir un texte de 1957 pour aborder la violence sexuelle!! Tu refuses de politiser la violence sexuelle en tentant de la légitimer, la considérant inhérente à tout rapport social voire sexuel (cf. Bataille et ses organes plétoriques!). Tu déresponsabilises les mecs violents et tu insultes toutes les victimes.

      Tes propos sont dangereux. Et tu es certainement un homme dangereux.

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