De votre envoyée spéciale, rapporteuse 2000...

 

Le mardi 25 avril, un des ateliers proposé dans le cadre de la Croisière IV était...

 

Exclusif, exclusion

Par Lexomylène Hydrocéphalia


      Durant deux heures, environ, on a essayé de disséquer les mécanismes d'exclusion. En voicivoilà les très grandes lignes, les très grandes questions, les très grandes révélations, les très grandes affirmations et leurs très grands contraires, ici résumés.

Qu'est-ce qui fait qu'un être humain, à la Croisière ou ailleurs, soit exclu ?
Est-ce que le handicap crée l'exclusion ?
Il est possible de se servir de son handicap pour se protéger. Un mécanisme de protection se met alors en fonction.
Le sida (handicap construit socialement) a permis par exemple aux lesbiennes et aux gays d'avoir plus de place, plus de visibilité dans la cité.
Le handicap, générateur d'exclusion, permet d'exister autrement.Le handicap, générateur d'exclusion, permet d'exister autrement.
L'insulte homophobe est un handicap. Réappropriée par les homos, elle devient dérision, puis stratégie.
Est-ce que les groupes d'hommes, parce qu'ils ont un fonctionnement patriarcal (compétition, valorisation/dévalorisation) créent l'exclusion ?
Tant que la société patriarcale, basée sur l'organisation sociétale hétérosexuelle, ne reconnait pas le vécu d'être femme, la reconnaissance de le handicap ne peut pas être admise. Le handicap femme reste invisibilisé.
On a une place dans chaque groupe. L'auto-exclusion peut être le refus de la place assignée.
L'auto-exclusion est une envie de ne pas être inclusE. C'est un choix. Selon les moments, on a envie d'être en dehors ou d'être alliéE.
Le bénévolat, par exemple, peut-être un besoin d'être avec d'autres, là où tant de gens crèvent de solitude, de carences affectives, etc.
Est-ce qu'il faut avoir été excluE pour avoir envie d'être rassembleurE ?
On exclut pour créer un "nous", un groupe. En excluant, le groupe trouve son identité. Ca se passe comme ça aussi dans les groupes révolutionnaires, avec des pratiques de jugements, de procès, qui sont des pratiques fascisantes.
Pour exister on cherche à ressembler à la norme du groupe.
Tout est prétexte à exclusion alors que la normalité n'existe pas. Le système d'exclusion vient de l'éducation. On ne cultive pas dès l'enfance le respect des différences.
En appuyant sur le respect des différences à l'école, on visibilise la différence, on la souligne.
La tolérance, le respect, sont des termes gênants. Car la tolérance c'est aussi l'indifférence face au handicap.
La tolérance c'est la preuve de la non-reconnaissance de l'être, de l'individuE, de l'autre dans son entièreté, à un moment donné.
Personne n'est vraiment jamais entierE. Pour faire partie d'un groupe il faut faire des efforts pour être intégréE. Ca marche ou ça marche pas mais après on sait pourquoi. On peut se construire à travers l'exclusion.
On est là parce que personne ne peut parler à notre place. D'ailleurs, il ne faut pas les laisser faire. C'est pas facile parce qu'il faut se définir, ce qui participe à la construction de son entièreté.
Tous les jours on fait des compromis pour ne pas être excluE. Tous les jours on apprend. On fait du mieux possible même si parfois ça crée des exclusions. On n'est pas toujours disponible ou attentionnéE. Faut faire des petits efforts.
Dans ce monde d'inclusion et d'exclusion soyons des chiennes de garde.
S'exclure d'un groupe est un moyen pour ne pas jouer les rôles donnés et les jeux de pouvoir.
Le pouvoir s'installe lorsqu'on en parle pas. Si on laisse faire, le pouvoir s'installe et génère l'exclusion. Il faut remettre constamment les acquis en question afin que le pouvoir ne s'installe pas. Il faut accepter le mouvement contre le statique.

12 mai 2000

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