Courrier dékatte
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From: soeur-maria-innocenta.spi

Subject., coucou mes chéris…

Mes doux enfants,

Je m'en allais surfer sur le net à la recherche de nouvelles idées de prêche quand l'idée lumineuse de taper le doux nom de votre charmant fanzine a germé en mon esprit parfois illuminé comme l'est la grotte de Lourdes les soirs de grande procession. Je vous envoie quelques bises d'amour à partager entre tous, vous me manquez beaucoup et je retrouve toujours avec joie, lors de sorties ou au téléphone ou sur le net des membres de La Croisière dont je ne divulguerai pas le nom sous peine de les voir accusés d'acoquinement avec la religion… Je visite les petits étudiants de Rennes la semaine prochaine avant de partir habiter Paris pour deux mois en décembre et janvier. Je serai alors à la fois présente sur cette ville et à Lille, chez mes amis nordistes. Je serai bien évidemment présente pour le 1er décembre à Paris. Je vous envoie ma très solennelle bénédiction. Puissiez-vous garder votre esprit de liberté si cher à mon cœur. Que Saint-Latex, Saint-Gel-à-Queue, Saint-Gant-de-Latex, Saint-Fémidon, Sainte-Digue-Dentaire, et Sainte-Seringue-à-Usage-Unique vous protègent de tout, sauf de l'amour, universel et rédempteur, je vous embrasse de tout cœur, prenez soin de vous, Sœur-Maria-Innocenta-aux-Mains-Pleines, ambassadrice du Couvent des Chênaies à Aix-en-Provence, en souvenir des sublimes moments passés en votre compagnie aux UEEH…
Love…
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From : sœur-maria-innocenta.spi
Subject : coucou mes petits chéris…

Coucou mes trésors,

Je viens vous faire un gros bisou. J'espère que vous vous portez pour le mieux depuis vos villes lointaines et que nous aurons l'occasion de nous revoir prochainement…
Rcevez tout mon amour et ces belles images de Sœur-Maria-Innocenta-aux-Mains-Pleines, ambassadrice du Couvent des Chênaies à Aix-en-Provence, France, Ordre des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence.

Très Honorable Nuttella,

J'ai bien reçu ta lettre de mi-décembre, à la quelle je ne réponds, honte sur moi, que maintenant…

J'ai bien saisi son contenu, à la fois appel à l'aide et appel à contribution. J'avoue que j'ai pris, depuis plus de deux ans, bien de la distance, de fait, avec Bang Bang, la rédaction et tout ce qui vit autour…

J'ai pas laissé tomber mes questionnements d'alors, mais ils ont avancé sous d'autres formes, avec d'autres termes, d'une façon plus " individuelle " mais en même temps plus partagée, en dehors de la question strictement sociale (j'ai moins à me poser la question du regard de l'autre, celui de l' " extérieur ") ou politique (je me sens moins de politiser ma vie, mon histoire, mon intimité pour leur reconnaître une valeur ou une dignité). Je crois que je suis dans une phase où c'est l'état des lieux intérieur dont j'ai besoin : qui je suis, de quoi j'ai besoin, comment je peux exprimer ce besoin (sous-entendu reconnaître et assumer ces besoins/envies même si ils/elles sont atypiques et inattendu-e-s, enchevêtrant ce que le social considère ordinairement comme contradictoire).

Après, que l'homosexualité soit en jeu, ça ne me semble pas totalement primordial ; c'est une grosse donnée mais ça ne recouvre ou ne sous-tend pas tout. De plus, hétéro- ou homosexualité sont, pour moi, parties liées ; j'ai plutôt envie, en ce moment, de savoir comment ça fonctionne en interne, même si le résultat de l'observation risque d'être intellectuellement (socialement, politiquement) peu satisfaisant. Je n'ai pas l'impression de vivre, de par mon homosexualité, dans une forteresse assiégée. C'est bien plus avec des diktats intérieurs, hérités de l'histoire familiale, que je dois croiser le fer. Si, bien sûr, j'en ai chié, au milieu des autres, pendant mon adolescence, mais beaucoup moins que certains, je dois le reconnaître (peut-être aussi parce que j'ai préféré la fuite…).

Je crois que je suis pas en position de donner des conseils en absolu. Je suis pas Ménie Grégoire. Par contre, face à quelqu'un de réel devant moi, je dois pouvoir pousser la porte et puis témoigner de certains trucs (et donner du courage en montrant que la lutte n'est pas vaine).

Il m'est arrivé une toute petite histoire dans ce sens : il y a 15 jours, je croise un gars, R., que j'avais rencontré il y a des années. Au milieu de la rue, il me parle de lui, de ses efforts (pas très loin des miens, dans leur fond et dans leur forme). Je lui dis que les difficultés qu'il évoque, les freins dont il se plaint, c'est aussi le signe qu'il est exigeant avec lui-même, sa conscience, qu'il a envie d'avoir de fort bonnes raisons de se respecter. Bref, je le recroise aujourd'hui, et en un mot il me dit qu'il a beaucoup avancé depuis notre dernière rencontre. Et puis il repart, avec ses lunettes et ses yeux en amande, souriant (il est 'asiatique'). Bon, ça, ça me parle. Des trucs brefs que l'autre recueille à la volée. Des moments précieux au milieu du flot des gens.

Comme utopie aujourd'hui, pour moi, c'est de vivre plus en intimité avec les autres, les autres en général, et les autres en tant que mecs évidemment. Faire un pas de plus pour rentrer dans le tendre (note que pour moi, le projet amoureux, avec un grand A, n'est pas à l'ordre du jour dans la mesure où, sous l'angle où je l'ai toujours pris, je me suis immanquablement planté!)

J'ai vu passer des trucs qui, quelque part, m'ont intéressé. Le film de Vincent Dieutre, Leçons de ténèbres, par certains côtés très intello (style Duras) dit des choses bien (je l'ai vu en présence du réalisateur) sur l'amour et la tendresse de deux (et plus) hommes de quarante/cinquante ans. Il y a des images assez inédites (un peu comme dans Nitrate Kisses de Barbara Hammer), pas commerciales, pas consommables, très chaleureuses et humaines.

Donc, voilà. A cela s'ajoute que je suis super occupé depuis deux ans et des poussières, avec des boulots salariés que j'ai choisis, avec aussi des activités nouvelles qui, à leur façon, font avancer mon schmilblick (atelier théâtre etc.). J'essaie de pas trop donner dans la production de discours (je me suis déjà fait prendre à ce piège autrefois) mais de coller à ce que je suis et de rêver, sur la base de ma réalité d'aujourd'hui, les beaux jours de demain.

je te livre en vrac ce qui me vient à l'idée et ce qui me fait dire que je ne suis pas forcément dans les meilleures dispositions pour participer au relancement de BangBang.

Bon, ceci dit, j'espère que, au-delà de la revue et de ses aléas, tu trouves ton compte dans l'existence et que tes projets/utopies/envies sont toujours plus à portée de main!

Un smack pour toi. A la Bonne Fortune, A.

hello les bangui/banguettes

quoi de neuf ?
votre site est sympa mais quand est-ce que vous parlez des vieux, un peu. Montrer joliment un corps de vieux c'est quand même plus subversif et plus anti-norme que des banguettes à talon aiguille non? Et plus difficile.
Bon, je vous aime quand même
Pédale forte de la jacquette

Chères Rédactrices,

j'espère que tout se passe bien pour vous, et que vous êtes bientôt prêtes pour la prochaine Croisière. A Rennes, toujours pareil, boulot, fac, pluie... Donc comme convenu, je vous envoie le petit bijoux de beauté que je viens de trouver à Rennes. Ce sont des lunettes qu'il faut mettre dans votre réfrigérateur (surtout pas le congélateur, vos cils risqueraient de rester collés sur les lunettes) pendant 20 minutes, puis vous vous les posez sur les yeux pendant 10 à 15 minutes. Vous verrez l'agréable sensation que cela procure. Elles font fureur actuellement à Rennes... De plus, elles sont grises argentées, c'est très tendance actuellement!!!

je vous embrasse fortement, à très bientôt,
Y. M.

 

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