Une vie différente

sommaire du dossier COMING OUT

Mon coming out est en 2 parties ( pour moi c'est plutôt la sortie de " l'armoire ", plutôt que le placard, vu mon gabarit ) en 1983, 1984, je ne sais plus exactement l'année le jour l'heure... Depuis tout petit, je me souviens que je jouais dans la cour de récréation, plus à l'élastique, à la corde à sauter, et plus avec les filles, qu'aux jeux de garçons brutaux etc... Je jouais aussi à la poupée avec mes sœurs et à la marchande etc... Après ce bref retour en arrière, je reviens au début des années 1985, j'avais 19, 20ans qui est d'ailleurs un âge noir pour moi, Un mauvais moment de ma vie. Je sais qu'à ce moment les filles c'était pas mon truc sur le plan sexuel, je sentais une attirance pour les mecs et pour moi cela semblait tout à fait naturel. A ce moment j'habitais à côté de Paris et je me rappelles que c'était la galère pour acheter Gay Pied, j'avais peur, le regard des autres, ce que le marchand allait me dire et souvent j'attendais qu'il y ait personne pour acheter cette revue ! Je cachais Gay Pied chez moi dans ma chambre sous mes habits, mes parents n'étaient pas au courant, mes sœurs avaient des petits copains et moi j'avais bien une amie, mais juste pour amitié et je pense que mes parents ne pensait pas du tout que j'étais homo. Un jour, comme d'habitude je voulais lire Gay Pied dans ma chambre et rien pas de magasine, il avait disparu, je me rappelle avoir eu très peur, je sais que ma mère avait la fâcheuse habitude de fouiller dans mes affaires, donc j'ai dû demander à ma mère si elle avait rangé ma chambre, et d'un ton sec elle me dit on en reparlera quand ton père rentrera du boulot, j'ai bien sûr tout de suite compris. Le soir ma mère me dit c'est quoi ce journal et lui dit que j'étais homo et je me rappelle bien que ma mère m'avait pas cru et lui assurait que si, je lui disais tout, que j'écoutais Fréquence Gay et lui montrais d'autres journaux etc... Pendant une semaine cela fût difficile, mais par rapport à d'autres familles de ce côté là mes parents ont bien accepté, le plus dur c'est avec mon père et encore maintenant. Pour moi d'être homo ce fût une grande délivrance personnelle, j'avais trouvé ma voie et pour mon épanouissement dans ma vie à venir s'était très important. Même, je trouve que d'être homo pour moi est une grande chance, car étant déjà très différent de la société en général et dans tous les domaines, déjà depuis tout petit et après en grandissant j'avais la haine de ce système. Donc de n'être pas comme les autres me plaisait, et très rapidement je revendiquais mon homosexualité à mes grands- parents, à mon travail, en quelque sorte j'étais fière ! Le coming out psychologique était assumé, sans problèmes. J'étais heureux, même si cela n'était pas toujours évident. Par contre, pour moi j'ai eut 2 coming out et celui physiquement a été très douloureux dans tous les sens du terme et même a faillit basculer à tout jamais dans le noir total. Reparler de tout cela au bout de 17ans est très difficile et de l'exprimer de nouveau n'est pas chose facile. Je remercie toutes les croisiéristes et le magasine BANG BANG pour pouvoir m'exprimer. Jamais je ne pourrais oublier cela, j'étais dans le métro à Paris et un mec à quelques mètres de moi, me faisait de grands sourires etc... Tout d'abord n'y prêtais pas attention, mais n'arrêtait pas de me regarder et je comprenais pas ce qu'il voulait, s'arrêtant à une station il me tira pour que je sorte, ce que je fis et il me dit tu vois pas que je te draguais ? Non je ne comprenais pas, tu sais je ne connais rien au niveau " c'est quoi l'amour " j'étais très naïf pour tout cela, donc nous discutions un moment et puis il commença à me dire que je lui plaisais et j'en été étonné ! Il me proposa de passer une soirée avec lui, d'abord lui expliqua que je ne pouvais venir de suite avec lui car je devais rentrer chez moi et là il dit qu'il pouvait venir à la maison et je dis non, mais il me mit en confiance en disant qu'il savait parler aux femmes et qu'il n'y aurait pas de problèmes. Donc, me voilà parti avec lui, c'est vrai qu'il avait l'air gentil et j'étais maintenant tout en confiance. Arriver chez moi en début d'après-midi avec un garçon, ma mère me demande où est ce que je l'avais rencontré et il dit tout simplement que l'on avait sympathisé comme ça ! J'étais très mal à l'aise, et je l'emmenais dans ma chambre et il voulait absolument faire des choses, vite fait bien fait comme on dit et moi je n'étais pas du tout d'accord en plus ma mère qui était pas loin. Il me dit viens avec moi, on va aller à l'hôtel et je lui dis que je voulais pas et il insista lourdement et je lui dis dans un premier temps, non ! Je repartis de chez moi avec lui et dit à ma mère que je le raccompagnais juste à la gare, et je ne sais plus pourquoi, mais sans doute par instinct sexuel, naturel je partis avec lui dans un hôtel près de la gare du nord. C'était la première fois, physiquement je ne savais rien, très naïf sur les mots, et tout simplement excité aussi, il me proposa de faire " l'amour " je dis oui, je croyais que faire l'amour était de s'embrasser ! Mais en quelques secondes, j'ai compris soit disant " l'amour " il m'attrapa, j'ai hurlé et vite partis en courant ! ( Je ne veux pas rentrer dans les détails ) J'ai caché ce viol pendant des années, j'avais enfoui cela au plus profond de moi et c'est un jour que j'ai découvert la croisière et les croisiéristes, car je n'étais pas le seul à avoir subi cela et d'en parler fait du bien, mais parfois très difficile. Mais après cette "chose que j'ai subie" quelques minutes après m'était dit, non je ne veux plus être homo et aussi en rentrant à la maison j'avais décidé de me supprimer, ce que je fis, mais cela échoua, mes parents et mon entourage ne surent jamais rien de pourquoi j'avais tenté de me suicider! Maintenant avec le recul j'ai su que cela s'appelait un viol, mais d'abord je pensais que l'amour homo était très douloureux et bestial, mais je sais que cela peut-être tendre, heureusement. Je recommande vivement de dénoncer tous les viols et violences sexuelles, physiques, ne nous laissons pas faire, filles et garçons inclus, certains hommes sont pires que des bêtes et j'en sais quelque chose !! Parfois d'en parler, est plus que nécessaire, soit à un psychiatre, psychologue ou à des amis et bien sûre à ceux qui connaissent la croisière avec les ateliers de discussion, de réflexion que l'on fait sur soi-même. Mais à chaque fois que j'entends parler de viols ou de violences sexuelles et physiques, je comprends les victimes que cela soit des garçons et des filles. La vie n'est pas facile surtout quand en plus on est pas dans " les dites normes capitalistes " nous sommes toujours dans l'ère patriarcale, machiste, catholique, de toutes sortes d'églises qui oppriment les femmes, les homosexuels-elles, les gens de couleurs et tous les autres qui veulent vivre une vie différente, mais e st que pourtant ne sommes nous pas différents ?


M. de B.

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