Je tombe amoureux
d'un prince. Il est violent ou pas, il m'insulte ou pas, il me domine.
Je l'aime encore plus. Je ne comprends pas.
Notre relation se vit dans le conflit presque tout le temps. Alors je
souffre. Je ne tombe pas amoureux des garçons qui ne me dominent
pas. Alors je souffre. Marre d'être maso!
Je me demande: Pourquoi je fonctionne comme ça. J'ai besoin d'être
protégé, en sécurité. Comme ce père
qui s'attribuait ce rôle. Il me protégeait. De quoi? Il me
dominait, m'asservissait. J'ai souvent eu envie de le tuer.
J'ai rêvé une fois que je baisais avec mon père. J'ai
jouit parce qu'il avait une grosse bite.
Je suis PD. J'ai toujours vu à travers les yeux des autres que
j'existais pas. Nulle part on parlait de moi. On me faisais comprendre
qu'il n'y avait pas de place pour moi dans ce monde. (C'est vrai, il n'y
en a pas.) Je ne devais pas exister. Comment aurais-je pu m'aimer ou imaginer
qu'on puisse m'aimer?
Un prince qui me domine: au moins il s'intéresse à moi.
J'existe. S'il est supérieur à moi c'est qu'il mérite
d'être aimé. Pas comme moi. Marre d'être maso!
Là, je peux plus fonctionner comme ça. M'auto-détruire.
J'ai un corps, je peux bouger. J'ai une langue, je peux parler. J'ai un
cerveau, je peux réfléchir et je suis intelligent. Je veux
vivre et prendre de la place. Je veux me battre.
On ne m'écrasera plus. On ne me dira plus de me taire. Je ne resterai
pas invisible. Ca leur ferais trop plaisir de ne pas avoir à penser
à moi. Ils/elles penseront à moi. Ils/elles me détesteront
mais j'existerai pour moi et par moi. Je suis PD et tant pis si personne
ne m'aime.
" Nos
amours? Répétons-le: Une vespassienne qui pue, de la merde
et des bouteilles pleine d'urine, des croûtons de pains poussiéreux,
disposés là exprès, comme pour nous dire: voilà
ce que tu es: une merde rien de plus. Et les années qui foutent
le camp, la solitude pour seule compagne, avec - en arrière plan
- l'insupportable idée: je n'aurais pas vécu. " (Extrait
du " Rapport contre la normalité " du FHAR, symptôme
3, éditions Champ Libre, 1971)
Par Freeda N.
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