Qu'est ce donc
un prince charmant ? Existe-t-il ? Peut-on le rencontrer? Saura-t-on le
séduire? En tous cas, ce sujet m'a laissé souvent rêveur
devant ma copie.
On peut sans doute donner une définition théorique et générale
du prince charmant, toutefois, chacun doit avoir une vision personnelle
et précise de celui-ci. La mienne n'a pas toujours été
figée dans le temps, elle est sans doute particulière, mais
je vais tenter de la formuler.
Si j'avais un prince charmant à choisir, celui-ci serait punk.
Oui, punk. C'est un mot sans doute trop employé, mal employé
aussi, et dont peu de gens tombent d'accord sur la définition.
Certains s'en réclament, d'autres s'en dénient, mais toujours
est-il que ces gens existent, et que j'éprouve pour eux beaucoup
de choses. Il y a bien-sûr le look, qui n'est pas le point le plus
important, mais auquel je suis très sensible, et qui m'influence
même souvent au premier abord de façon subjective (pour parler
clairement, j'ai souvent le coup de foudre pour un punk). La musique est
également un élément que je prends en compte. Ce
qui me charme chez la plupart des punks dans leur attitude est difficile
à formuler. Ce n'est pas particulièrement leurs idées
politiques, mais par exemple certaines de leurs valeurs sociales: un punk
préférera l'odeur du macadam à l'odeur des plages
de sable fin, il préférera boire une Kanter plutôt
qu'une coupe de champagne, il préférera faire la fête
dans un squatt plutôt que de passer une semaine à Ibiza.
J'aime leur insouciance et leur esprit libertaire. J'aime leur tolérance
sur certains sujets (l'homosexualité, par exemple ?), et leur intolérance
sur d'autres. J'aime leurs révoltes, mais aussi leurs indifférences
sur certains faits de société. J'aime quand ils se rassemblent
en bande, lors d'un concert, ou dans un square. J'aime leur sourire quand
on leur offre une bière.
Tout individu a bien-sûr ses propres défauts, ses propres
faiblesses, ses propres excès, mais je ne trouve rien à
reprocher au punk en général, à ses façons
d'agir, de penser, il se rapproche de mon idéal, et plutôt
que d'employer le mot prince charmant, j'emploierais plutôt le mot
punk destroy. Je ne serais pas honnête si je n'avouais pas un point
supplémentaire qui m'attire chez les punks, c'est le fait que ce
milieu renferme assez peu de femmes; je ne leur reproche rien (quoique
),
mais elles me mettent généralement mal à l'aise.
Pour en terminer sur ma vision du prince charmant, et sans être
utopiste, autant qu'il soit évidemment un beau mec, mignon, intelligent,
sensible, qu'il ait aussi de l'humour, et plein d'autres qualités.
Il n'a pas besoin d'être homo pour me séduire, mais c'est
bien là un problème. Car des princes charmants tel que je
viens de le décrire, il en existe quelques uns, avec certains desquels
j'ai lié des amitiés assez fortes, et pour lesquels j'aurais
donné mon âme, pour lesquels j'aurais tout délaissé,
des punks que j'ai idolâtrés, qui sans le vouloir m'ont fait
souffrir et pleurer, et qui pour me consoler disaient: "Tu sais bien,
si j'étais homo, c'est avec toi que je voudrais être!"
Mais voilà, des punks homos, c'est absolument, ou quasi introuvable.
J'en ai rencontré deux, peut-être trois, mais le courant
n'est pas passé. Et je doute maintenant de plus en plus de cette
rencontre avec un prince charmant punk et homo; mes calculs statistiques
vont dans ce sens; en effet, je dois connaître en tout une centaine
de punks, dont je vois certains pratiquement tous les week-ends, soit
à un concert, soit chez l'un ou chez l'autre, tous connaissent
mon homosexualité, et je ne vois parmi eux qu'infiniment peu d'espoir
pour moi, bien que d'autres amis homos me certifient le contraire. En
analysant cela, j'en arrive à cette conclusion grave qui m'apparaît
de plus en plus clairement, c'est que je ne tombe amoureux que des punks
hétéros, ou en tous cas, s'il y en a autour de moi, je n'ai
d'yeux que pour eux.
Alors voilà, je me dis que le temps passe, hélas, et que
je devrais au moins tenter une alternative, faire évoluer ma vision
du prince charmant et fréquenter des milieux homos pour avoir la
chance de le rencontrer un jour. Je ne peux toutefois pas quitter le milieu
punk qui m'est vital, certainement plus vital d'ailleurs que de rencontrer
le prince charmant; ce qui fait que cette recherche me met souvent devant
de cruels dilemes.
Je garde malgré tout l'espoir de séduire un homo dont je
tomberais amoureux même s'il n'est pas punk, et qui deviendra par
ce fait mon vrai prince charmant, car finalement, un prince charmant n'est-il
pas simplement, et par définition, la personne dont on tombe amoureux?
Par Gianni
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