L'attente du
prince est une quête bien romantique mais le rêve est vital.
Les miens passèrent à deux reprises, l'un érudit,
l'autre pétillant de jeunesse et d'imprévus. Je les ai gouttés,
sucés, dorlotés, enculés, câlinés, fouettés,
tétés, adorés, aimés jusqu'à plus soif
! J'ai même commis cette folie hétéro normative d'une
Lune de Miel à VENISE ! (Honte à moi, je ne regrette rien!).
Ils s'en sont allés et ma jeunesse aussi. Pourtant je ne suis pas
triste : j'attends mon suivant. C'est donc un retour aux rêves et
rien n'est plus beau car l'imaginaire est toujours plus palpitant que
le réel au quotidien (du moins après 3 et 6 ans de vie commune).
Ce qui m'inquiète un peu (beaucoup), c'est que j'ai de plus en
plus difficile à imaginer un prince charmant de mon âge (40
ans). Et là, on plonge brutalement dans le mystère total
de la CHIMIE DES CORPS AMOUREUX, du désir charnel ! Fini le romantisme,
le rêve, le conte de fée : reste la loi du marcher, la profondeur
de tes rides, la noirceur de tes cernes, tes yeux trop grand, ta tête
trop ronde. Si nous pouvions nous débarrasser de nos critères
de beauté dans nos amours, ce serait l'unique et le vrai miracle
de la vie! (en tout cas, ce serait une lutte révolutionnaire aussi
louable que l'abolition des frontières Nord-Sud, riches-pauvres
etc).
Quelle injustice tous ces garçons et ces filles (jeunes et moins
jeunes) qui restent au bord de la route de la séduction. Que de
souffrances, que d'exclusions pour quelques détails physiques !
Mais si l'on ne choisit pas son homosexualité, il me semble difficile,
voire impossible, de contrôler ses attirances physiques. Ce qui
me semble encore plus mystérieux et dommageable, c'est qu'on a
(à peu de chose près) tous les mêmes critères
de beauté excitatives.
La Belle et la Bête serait-t-il un conte de fée révolutionnaire
? Hélas non, puisqu'à la fin la Belle est récompensée,
de sa générosité, par un retour à la beauté
de la Bête. Quoique cela me donne une idée : dédoublons
la Bête en deux êtres distincts et mettons cette nouvelle
fable en pratique je serais près à me "donner"
à quelqu'un que je trouverais franchement laid si, en retour, j'avais
la conviction qu'un beau mec me rendrait la pareille. (Donner pour recevoir
a toujours été une dynamique des sociétés
humaines.
Pourquoi cela ne marche pas, ou peu, pour le sexe ?). C'est vrai qu'à
bien y réfléchir, j'ai toujours eu plaisir à offrir,
même aux prix de sacrifices.
Pourquoi pas mon corps ?! Mais lorsqu'on voit les tabous qui pèsent
encore sur la prostitution y'a du boulot pour faire sauter les verrous
! Mais les révolutions (qu'elles soient sexuelles ou sociales)
sont faites de sacrifices et d'espoir.
Alors, un jour mon prince reviendra et je promets que pour chacune de
ses nuits d'amour, j'en donnerai une pareille à la Bête!
Par
Ni Belle Ni Bête Ni Méchant
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