PAS: Puisque tu es une star aujourd'hui, je vais m'intéresser tout d'abord à ta vie sexuelle. Le sexe, ça représente quoi pour toi?

La Goulue: Au jour d'aujourd'hui où tu me poses la question, le sexe est la priorité dans ma vie. Je ne sais pas exactement ce que c'est mais je sais que c'est important, tant au niveau des sensations que des émotions. Concrètement, je passe beaucoup de temps de ma vie à essayer d'avoir du sexe, à rencontrer des garçons. Au niveau plus intellectuel, ça occupe pas mal de pensées. Oui, le sexe est très important. Aujourd'hui j'utilise le sexe, c'est un moyen qui me permet de vivre des choses avec des mecs mecs, virils, beau parfois, qui m'attirent, mais avec qui toute relation d'amour serait un désastre certainement. Le sexe donne un cadre où je peux vivre des plaisirs avec des mecs qui m'attirent, sans les laisser entrer dans ma vie. Sinon, ils pourraient me faire du mal. Je les utilise peut-être, je ne sais pas... Certainement même, comme eux qui m'utilisent aussi. Je prends beaucoup de plaisir à utiliser des mecs comme des choses et à moi me donner comme une chose. Je n'ai pourtant pas l'impression de bafouer la dignité des mecs, de ne pas les respecter. Ils m'utilisent et je les utilise, ça me plaît, je me sens pas sale. J'ai une chance d'être pédé, de pouvoir vivre les choses comme ça.

PAS: As-tu l'impression de vivre suffisamment de rencontres sexuelles?

L.G: Ça dépend des périodes, mais je dirais, en général, que oui, j'en ai suffisamment. Le sexe pour moi actuellement, c'est une voie que j'ai choisi pour me challenger, pour évoluer. Je me rends compte que je me transforme à travers ma sexualité. En ce moment, je n'ai pas envie de voir la sexualité comme quelque chose de réconfortant, le but ce n'est pas simplement de me faire du bien. J'ai envie d'évoluer, de toujours trouver des choses que je n'ai pas encore faites.

PAS: Ta vie sexuelle et ta vie affective, ce sont deux choses distinctes pour toi?

L.G: Il y a plusieurs manières d'avoir du sexe. Même avec des garçons inconnus, parfois j'y mets de l'affectif. Et parfois pas du tout. Je peux très bien avoir un rapport sexuel tout à fait satisfaisant sans rien d'affectif.

PAS: Tu m'as l'air d'être quelqu'un de bien équilibré au niveau sexuel, pas coincée. Es-tu quelqu'un de libéré?

L.G: Oui, comparé à la personne que je pouvais être auparavant, il y a effectivement eu un processus de libération. Pourtant je ne suis certainement pas libérée puisqu'il reste encore des tonnes de transgressions à faire. Si je reviens en peu en arrière, je constate que j'étais coincée, j'avais du mal a arriver dans un lieu disons de consommation de sexe, que ce soit gratuit comme dans les parcs ou payant comme dans les sauna. J'avais du mal de me mettre comme ça sur le marché de la viande où je me ferai mater, où je serai jugé selon la dichotomie de " baisable ou pas baisable ", de " excitant ou répugnant ". C'est quelque chose qu'il fallait que j'apprenne, ce n'était pas évident pour moi.

PAS: Quelle serait, dans l'utopie, ta relation affective idéale? Le rêve du prince charmant existe-t-il pour toi?

L.G: Non, et c'est bien là où je me vois confrontée à un problème. Selon mes dernières expériences, dès que j'ai de l'implication affective et de la tendresse dans une rencontre érotique, ça ferme un peu le chemin des expériences sexuelles. J'imagine mal une relation à la fois super amoureuse et sexuellement originale ou expérimentale. Toutefois une vraie histoire d'amour, je ne la conçois pas sans sexe. Le prince charmant n'existe pas vraiment pour moi. Mais au niveau de son symbolisme, c'est un prince sexuel. Quelque part le mythe du prince charmant existe chez moi en négatif, le prince charmant me fait peur. Je débutais dans mon coming-out par une grande histoire d'amour, par le couple. Les choses ont profondément changé depuis mais je sais qu'il y aurait toujours quelque part en moi un rêve, une envie de me reposer sur un garçon fort, une envie d'être amoureux d'un garçon que j'admire, qui me protège... Tous ces clichés, je les ai en moi. Maintenant, dès que j'ai une relation qui devient un peu love, un peu super tendre, je fais en sorte que ça s'arrête à un moment donné. Je me ferais pas confiance et j'aurais peur de ne me reconcentrer que sur une personne. Ça me ferait chier qu'un mec devienne comme ça essentiel et indispensable dans ma vie. L'amour avec ce prince charmant dont je parle, ça ne peut être que de la souffrance pour moi.

PAS: Quelles sont pour toi les alternatives au prince charmant pour avoir une vie amoureuse?

L.G: Dans l'idéal, j'aimerais bien avoir quelques amants, un peu éparpillés partout, qui ne feraient pas partie de mon quotidien, avec qui je pourrais entretenir une relation qui se vit quand on se voit. De toute façon, j'ai une vision horrible du couple, c'est un cauchemar pour moi. C'est certainement ce qui m'a rendu le plus malheureux dans ma vie. Dans un couple, j'aurais tellement peur d'être abandonné un jour. Je préfère être seul aujourd'hui et me faire chier tout seul. Je n'ai pas peur de l'abandon.

PAS: Es-tu quelqu'un de romantique?

L.G: Parfois oui, mais je ne pense pas que ce soit quelque chose qui me caractérise. Ouais, je peux l'être, parfois en secret. Ça m'arrive de vivre des moments où je me dis " qu'est-ce que c'est romantique ", mais je ne le dis pas.

PAS: Dans une de ses chansons, Nina Hagen qualifie la jalousie de pathologie. Où en es-tu?

L.G: C'est difficile de répondre parce que ça m'arrive rarement de me retrouver dans une histoire d'amour. Je suis plutôt du genre à piquer le mec des autres, j'aime bien. Des fois je peux avoir des débuts de sentiments de jalousie mais je canalise très vite. Pour moi, ça serait une catastrophe de me mettre dans une situation, visible en plus, devant des gens, où je suis jalouse, j'aurais honte. Je sais par contre que je ne serai pas à l'abri de la jalousie quand un jour j'aurais à nouveau une grande histoire avec un garçon. Ce n'est pas parce que j'ai décidé depuis des années que la jalousie c'est mal et que la fidélité c'est nul et qu'il faut vivre les amours librement, que finalement je serais à l'abri de réactions à l'intérieur de moi.

PAS: Je te remercie de m'avoir accordé cet entretien, et je te souhaite bonne chance pour la suite de ta grande carrière, et notamment pour ton prochain spectacle que les lectrices de BangBang attendent avec impatience.

Propos recueillis
par Paparaza scandalosa